Joris-Karl Huysmans. Marthe.

JORIS-KARL HUYSMANS. Marthe, histoire d’une fille. Bruxelles, Jean Gay, 1876. In-12 (175 x 115 mm), demi-maroquin à coins caramel, plats de papier marbré, dos lisse décoré, tranche de tête dorée, doublures et gardes de papier marbré, couvertures et dos conservés, non rogné (Bretault).

Édition originale.
Quelques exemplaires hors-commerce sur papier de Hollande composent le tirage des
grands papiers.


EXEMPLAIRE RICHEMENT TRUFFÉ :

– LA TRES RARE EAU-FORTE (VOLANTE) EN PREMIER TIRAGE DE JEAN-LOUIS FORAIN REFUSÉE PAR L’AUTEUR sur papier de Hollande à grandes marges figurant Marthe nue en bas de soie rayés.

– DE L’EAU FORTE ORIGINALE DE JEAN-LOUIS FORAIN ILLUSTRANT L’ÉDITION DE 1879.

– D’UN DESSIN ORIGINAL À LA MINE DE PLOMB ET CRAYONS DE COULEURS AU FAUX-TITRE. Signé des initiales A. H., il s’agit probablement du peintre belge Alexandre Hannotiau (1862-1901). Le dessin original probablement réalisé vers 1890 est dans le style de la publication des Types de Paris (1889).

Élégant exemplaire provenant de la belle bibliothèque littéraire du Docteur André Chauveau, dans une fine reliure dix-neuvièmiste signée du remarquable Joseph Bretault avec ses belles doublures et gardes de papier, de coutume chez cet artisan relieur.

L’exemplaire est quasi exempt de rousseurs, condition peu courante pour cette édition.

PROVENANCES : Docteur André Chauveau (ex-libris et dispersion Cat. II, 03/02/1976, n° 216) ; Collection Russe (Tampon de la bibliothèque d’Odessa).

2 000 €


Marthe, histoire d’un roman huysmansien.
Après Le drageoir à épices (1874), recueil de poésies en prose publié à compte d’auteur faute d’éditeur téméraire, Joris-Karl Huysmans (1848-1907) fait une entrée tonitruante dans la littérature naturaliste, avec sa première œuvre romanesque, Marthe, histoire d’une fille. À la lecture du titre, l’auteur n’autorise aucune équivoque : Marthe, identifiée sous un vocable à dessein indéfini, est une représentante archétypale du « spectre des maisons de filles ». Malgré sa beauté diaphane conférant aux portraits de Rembrandt, son caractère « apathique et veule » souille tout ce qu’elle touche, au Théâtre Bobino dirigé par un original aviné, ses amours fugaces avec un écrivain qui en devient raté, dans les débits de mauvais vins et d’argot fleuri, enfin dans les lupanars criards et fardés à l’excès aux macadams jonchés de perditions humaines. Ces scènes et personnages trouvent leur réalité aux détails précis dans la vie-même de l’auteur : Marthe n’est autre qu’une comédienne que le journaliste Huysmans a aimée lors de ses pérégrinations parisiennes. Entre la rue du Cherche-Midi et de la Gaité, entre cabarets et maisons de tolérance, le jeune écrivain est flanqué de ses amis et collègues du Ministère : Henry Céard, l’ancien étudiant en médecine qui lui fait visiter Lariboisière décrit dans son roman, ou « Ludo » de Francmesnil à l’origine du désinvolte Léo, l’amant-poète de Marthe. Avec eux, Huysmans expérimente, compile et en fin observateur, archive et écrit en préface : « Je fais ce que je vois, ce que je sens et ce que j’ai vécu ».