Marcel Proust. Les plaisirs et les jours.

MARCEL PROUST. Les plaisirs et les jours. Paris, Calmann-Lévy, 1896. In-4 (294 x 200 mm), plein maroquin La Vallière, plats ornés d’un décor floral mosaïqué de chèvrefeuilles blancs et petites feuilles vertes et d’un jeu de filets circulaires et à entrelacs à froid, dos à nerfs orné de même, doublures de maroquin blanc ivoire, gardes de soie moirée bronze, toutes tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, étui (Huser).

Édition originale.
Le tirage des grands papiers se limite à 20 premiers exemplaires sur papier des Manufactures Impériales du Japon, suivis de 30 exemplaires sur papier de Chine.

LE NUMÉRO 6 DES 20 PREMIERS EXEMPLAIRES SUR JAPON.

EXEMPLAIRE COMPORTANT L’AQUARELLE ORIGINALE SIGNÉE DE MADELEINE LEMAIRE, PRÉSENTE UNIQUEMENT SUR LES EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR PAPIER JAPON.

Exemplaire parfait dans une somptueuse reliure signée d’Huser. Sans doute le plus bel exemplaire imaginable avec l’exemplaire Jacques Guérin relié par Charles Meunier (Cat. IV, 04 juin 1986 n°99, adjugé 102 000 francs (frais inclus)).
La teinte des chèvrefeuilles mosaïqués au dos a perdu de son éclat.
Étui frotté.

PROVENANCES : Raoul Simonson (ex-libris) ; José Peraya (ex-libris).

30 000 €


Premier livre de Marcel Proust alors âgé de 25 ans, ce recueil de poèmes en prose et de nouvelles est le fruit de l’une des aventures éditoriales les plus ambitieuses pour un jeune auteur. Le choix de l’éditeur Calmann-Levy, assurément le plus prestigieux en littérature, une préface d’Anatole France et une illustration de Madeleine Lemaire, alors la référence dans son domaine, l’emploi de grands papiers de luxe sur Japon impériale et papier de Chine, tout confère à montrer l’envie décidée de Marcel Proust d’entrer de plain pied dans le monde des Lettres. Et le résultat en est sans merci… un désastre commercial. Quand Marcel Proust obtient le prix Goncourt pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs en 1919, sur l’ensemble des 1500 exemplaires du tirage courant des Plaisirs et des jours, 1100 demeurent encore invendus… Conception trop singulière pour ses détracteurs, mêlant poèmes, nouvelles, partitions pour piano, et ensemble d’illustrations florales hors-texte, Les plaisirs et les jours ne trouve pas son public. Pourtant, il est à l’image poétique et complexe de son « écrivain précieux » qui, à l’occasion de ce premier essai éditorial, se bâtit de prime abord une réputation de mondain dilettante, jusqu’à la publication d’À la recherche du temps perdu qui vient déconstruire cette image réductrice. En rare soutien, Léon Blum ne se trompe pas sur l’intérêt justifié de cette première œuvre : « Nouvelles Mondaines, histoires tendres, vers mélodiques, fragments où la précision du trait s’atténue dans la grâce molle de la phrase, M. Proust a réuni tous les genres et tous les charmes. Aussi les belles dames et les jeunes gens liront avec un plaisir ému un si beau livre. »