
PAUL MORAND. Lewis et Irène. Paris, Grasset, 1924. In-12 (180 x 115 mm), maroquin vert sapin, décor à répétition d’alcôves dorées avec encadrement de filets dorés, dos lisse orné de même, doublures de papier stylisé avec encadrement de même maroquin orné de filets dorés et fleurons dorés aux angles, tranches de tête dorée, non rogné, couvertures conservées, étui (A. Gassot).
Édition originale.
Le tirage des grands papiers se limite à 3 premiers exemplaires sur papier de Chine, suivis de 90 exemplaires sur papier du Japon, puis 100 exemplaires sur Madagascar Lafuma, 300 exemplaires sur papier de Hollande Van Gelder, 12 exemplaires sur papier vert Jade et enfin 1100 sur vélin pur fil des papeteries Lafuma.
LE NUMÉRO CCCCLIX DES 300 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE VAN GELDER.
Le premier roman de Paul Morand.
Pré-publié dans la Revue de Paris les 1er et 15 décembre 1923 et le 1 janvier 1924, le livre paraît chez Bernard Grasset en janvier 1924, publication qui marque le départ de l’auteur des éditions Gallimard. Celui qui n’avait publié auparavant que trois recueils de nouvelles s’essaye désormais au roman.
Roman restituant avec joie les « Années folles », tous les éléments d’un succès assuré sont en place : manège amoureux, trahison, luxe, pouvoir… Intrigue mettant en scène la rivalité amoureuse d’un riche banquier, homme pressé, et d’une femme d’affaires moderne, suivi de leur mariage pour ensuite se séparer. Paul Morand (1888-1976), de son propre aveu, aurait pu de façon notoire inscrire son œuvre dans la tradition du marivaudage et de l’intituler « les Jeux de l’amour et de l’argent ».
En partie autobiographique, le récit fait la part belle au personnage d’Irène Apostolatos, en partie inspiré par la princesse Hélène Soutzo, fille et sœur de banquiers grecs, que Morand épousera en 1927. De même, il s’inspire librement du couple mythique de l’époque, constitué de Gabrielle Chanel et du mondain et homme d’affaires Boy Capel. Paul Morand fait partie du cercle intime de la créatrice Coco Chanel, et l’exemplaire qu’il lui offre est gratifié d’un envoi sans équivoque : À Coco Chanel, ce Lewis qui rappelle un peu Boy Capel. Au style vif et flamboyant, ce roman s’inscrit parfaitement dans les années d’entre deux-guerres faisant de Lewis et Irène une parfaite incarnation du bouillonnement et de l’effervescence culturelle propre à cette époque, préfigurant le Gatsby de Fitzgerald publié un an plus tard.
Formidable reliure à décor à répétition d’inspiration Art déco signée du relieur parisien Albert Gassot (1902-1974), elle est parfaitement conservé et son papier a gardé toute sa fraîcheur. Fléty indique qu’il était ancien élève de l’Ecole Estienne dans la section dorure, puis a officié dans un premier temps dans l’atelier paternel puis à son compte jusqu’en 1969, date de la fin de son activité. Il n’aura pas de successeur. Ses reliures sont peu courantes sur le marché.
Sporadiques pâles rousseurs aux tranches.
2 500 €