
RAYMOND QUENEAU. Zazie dans le métro. Paris, Gallimard, 1959. In-12 (185 x 115 mm), demi-maroquin à bandes rouge écarlate, plats de papier fantaisie, dos lisse, doublures et gardes de même papier fantaisie, tranche de tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (Leca).
Édition originale.
Le tirage des grands papiers se limite à 40 premiers exemplaires sur papier de Hollande Van Gelder, suivis de 158 exemplaires sur papier vélin pur fil Lafuma-Navarre, enfin de 450 exemplaires sur papier vélin labeur d’après la maquette de Mario Prassinos.
LE NUMÉRO 29 DES 40 PREMIERS EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE.
Ravissant exemplaire exécuté par Jean Léca (1902-1982), meilleur ouvrier de France en 1949, il s’établit en 1954 exerçant jusqu’en 1973. Il travaille pour d’importants bibliophiles dont Maurice Goudeket, Jean Lanssade et Jacques Guérin.
Exemplaire parfait.
9 000 €
Le roman qui révéla Raymond Queneau (1903-1976), ou comment « faire évaporer tous ces soucis sous le ciel bleu ».
Il a fallu la quintessence la plus entière de l’inventivité prolifique de Raymond Queneau pour qu’enfin, après 18 publications, il rencontre le succès légitime grâce à ce qui devient vite un classique de la littérature, fleurant la joie pragmatique des Trente Glorieuses. Dans cette fresque de personnages tous plus truculents les uns que les autres, orchestrés par le barde et oncle « Tonton » Gabriel, Zazie, en Ulysse enfantin espiègle, petite par la taille mais grande par l’audace du verbe, vit un voyage initiatique, dans la pure tradition, depuis Homère jusqu’à Joyce. Le rire
sonore et vivace se fait entendre, l’image mouvante d’un Paris divers et tumultueux – pourtant en grève – se dessine si bien que l’adaptation cinématographique de Louis Malle en devient une évidence.
Surtout, le véritable intérêt de l’écriture réside dans la liberté absolue incarnée par les néologismes en cascade, où les mots fleuris ne sont jamais vulgaires, où les situations toujours incongrues ne font qu’emporter le lecteur dans un univers imaginaire total, la réalité qui contraint devenant une réalité qui crée. Cela n’étonne pas, venant du co-fondateur de L’OUvroir de LIttérature POtentielle…