
RENE CREVEL. Le clavecin de Diderot. Paris, Éditions Surréalistes, 1932. In-12, demi-maroquin vert bouteille, plats ornés d’un décor géométrique mosaïqué de papier glacé et mat orné de listels de papier glacé rouge et d’un jeu de filets dorés, dos lisse, doublures de papier glacé vert bouteille, gardes de papier mat gris souris, tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (P.-L. Martin, 1957).
Édition originale.
Le tirage des grands papiers se limite à 200 exemplaires sur papier vert lumière.
LE NUMÉRO 81 DES 200 PREMIERS EXEMPLAIRES SUR PAPIER VERT LUMIÈRE.
René Crevel est une forte figure des avant-gardes entre surréalisme et dada, qui a assumé la cohérence de sa pensée libre et désenchantée jusqu’au suicide. Dans Le clavecin de Diderot, un de ses derniers écrits, Crevel fait le choix de l’appropriation d’une théorie ancienne, entre spirituel et réel. Réfutant un matérialisme forcené, Crevel détourne les écrits de l’encyclopédiste Diderot et sa tentative de prouver une théorie selon laquelle les vibrations des cordes de clavecin seraient un vecteur physique de l’âme immatérielle. Idée réinterprétée par Lénine et sa lecture politique en 1909, Crevel finit par réconcilier marxisme, psychanalyse et surréalisme dans cet essai s’achevant par « le surréalisme au service de la Révolution ».
SUPERBE EXEMPLAIRE OFFERT PAR L’AUTEUR DADASURRÉALISTE À SON COMPAGNON DE ROUTE MÉTAPHYSIQUE ET PEINTRE YVES TANGUY.
L’envoi de Crevel à son ami Tanguy est un touchant souvenir de l’époque de leurs débuts, quand Crevel hébergeait son ami dans son appartement de la rue Nicolo. « Tanguy buvait beaucoup, il faut dire que l’alcool trompait la faim. La générosité de Crevel était toujours là pour éviter les catastrophes. Tanguy était à l’époque un être qui refusait toute attache et tournait tout en dérision. [.] Crevel était désabusé, souvent découragé par sa maladie et par ses problèmes d’édition. [.] Je garde l’image d’un homme incertain, cherchant sa voie, regardant pendant des heures les toiles de Tanguy peuplant son petit salon. » Ces souvenirs du peintre Jacques Harold en disent long sur l’intimité de Crevel et Tanguy. Les mystérieuses toiles désertiques et métaphysiques du peintre ne pouvaient que conforter le spirituel Crevel qui dès 1925, dans Mon corps et moi, faisait l’éloge de De Chirico contre la « médiocrité raisonneuse ».
Exemplaire parfait dans une reliure à décor géométrique caractéristique de P.-L. Martin. Il a été relié in-fine le prière d’insérer. Anecdotiques rousseurs sur les couvertures, légère décoloration du papier vert en marge des pages.
PROVENANCES : Yves Tanguy (envoi) ; R. & B. Loliée (ex-libris).
7 000 €